Al-Andalus, le mythe d'une Espagne musulmane tolérante et multiculturelle

Pour justifier l'avènement d'une ère post-nationaliste, un monde merveilleux, multiculturel et multiethnique mondialisé, les Musulmans vivant en Europe et la gauche progressiste font l'apologie de l'Islam, la religion de paix et tolérance, afin de faire vivre un mythe qui n'a en réalité jamais existé : Al-Andalus, l'Espagne du Moyen-âge où Chrétiens, Musulmans et Juifs vivaient en paix et en harmonie entre le VIII et le XVème siècle.

Pour ces progressistes, des conquérants musulmans pacifiques seraient venus apporter richesse, science et bonheur aux populations chrétiennes prétendument arriérées.

La réalité, au regard des chroniques d'époque et des faits historiques est tout autre.
Les conquérants jihadistes musulmans qui ont occupé l’Espagne de 711 à 1492, ont provoqué pendant des siècles guerres entre factions rivales de chefs militaires arabes et berbères pour la conquête du pouvoir, des conflits ethniques et religieux, la destruction de villages, pillages d’Églises et de Synagogues, la persécution et la réduction en esclavage de populations locales chrétiennes et juives.



Pelayo, premier roi des Asturies et héritier d'une dynastie wisigothique, va initier la résistance contre l'envahisseur musulman. Son armée chrétienne se distinguera en particulier lors de la bataille de Covadonga en 722, dans le nord de l'Espagne, en battant les soldats Omeyyades venus de Cordoue. Il représente le symbole et le début de ce qui sera appelé la "Reconquista", la reprise de l'Espagne aux Musulmans.


La dynastie Omeyyade du califat de Cordoue qui succède aux premières conquêtes réalisées par les musulmans Abbassides, fut une campagne militaire dévastatrice de l'Espagne du sud vers le nord. Avec entre autres les califes Abd al-Rahmān I, Abd al-Rahmān III, et Almanzor de 750 à 1031.


L'ouvrage de l'historien Simon Barton, "Conquerors, brides, and concubines : Interfaith relations ans social power in medieval iberia", démontre l'importance de l'appropriation des femmes du camp ennemi, ce qui permet aux assaillants de consolider leur autorité et leur domination sur les populations opprimées.

Le premier conquérant musulman en Espagne, le chef Berbère Tariq Ibn Ziyad, exhorte son armée, dès son arrivée sur les côtes, en 711, par l'appât du gain des femmes, en ces termes :
"Vous avez entendu dire qu'il y avait dans ce pays de nombreuses ravissantes jeunes filles grecques, aux formes gracieuses drapées dans de somptueuses robes luisant de perles, de coraux, et d'or le plus pur, et elles vivent dans des palais royaux. Le Commandeur des vrais croyants, Al-walid, fils d'Abdal-Malik, vous a choisi pour cette attaque parmi tous ses guerriers arabes, et il vous promet que vous deviendrez ses camarades en obtenant le rang de rois de ce pays."
L'historien Al Maqqari - "Le souffle des parfums"

« Dhikr Bilad Al-Andalus », est un document arabe du XIVème siècle, un catalogue qui relate une multitude de campagnes militaires menées par le calife Almanzor en Espagne, et donne une place importante aux nombreuses femmes et enfants capturés par le hajib (chef religieux vérifiant la bonne application de la charia).
Lors de la mise à sac et de la prise de Barcelone en 985, le document relate que plus de 70 000 femmes et enfants furent mis en captivité et réduits en esclavage. A Zamora, en 981, plus de 40 000 femmes. A Pampelune, 18 000 femmes. De véritables razzia organisées, visant à noyauter et décimer des familles entières parmi les populations chrétiennes.
« Conquerors, Brides, and Concubines: Interfaith Relations and Social Power in Medieval Iberia » de Simon Barton – p35

Dans son ouvrage « Le mythe du paradis andalou » (livre en anglais), l’universitaire espagnol Darío Fernández-Morera, documents historiques à l’appui, démonte le mythe de l’existence d’une Espagne tolérante, fraternelle dans laquelle Musulmans, Chrétiens et Juifs auraient vécu pacifiquement pendant des siècles sous la bienveillance des lois islamiques :
« Dans la jurisprudence malékite, une esclave sexuelle achetée sur une place de marché, ou capturée dans un raid guerrier, ayant des rapports sexuels avec son maître, devient son esclave sexuelle, une « jariya » (ou djariya, une concubine)."

"Sous la dynastie Omeyyade, Al-Andalus est devenu un centre de commerce et d’échanges d’esclaves : jeunes femmes esclaves sexuelles, même quelquefois âgée de 11 ans, enfants mâles castrés pour devenir des eunuques dans les harems, enfants mâles capturés et entraînés dans des campements pour devenir des esclaves guerriers, hommes utilisés comme serviteurs ou travailleurs pour tout usage concevable, les êtres humains de tout âge et race étaient achetés et vendus.
Le prix d’un esclave dépendait de son âge, de son sexe, de sa race, et de ses capacités. Les esclaves blanches, en particulier les blondes, souvent capturées dans des raids menés sur les terres chrétiennes, étaient les plus recherchées. En 912, pendant le règne de l’âge d’or du Califat Omeyyade de Cordoue, le prix d’un esclave mâle noir était de 200 dirhams (pièces) d’argent. Une fille noire de Nubie étaient vendue pour 300 dinars d’or. Une femme blanche sans éducation coûtait 1 000 dinars d’or. Une femme blanche capable de chanter, valait 14 000 dinars.
La cour du Calife Abd-Al-Rahman III comptait 3 750 esclaves, un harem de 6 300 femmes, et son armée incluait 13 750 esclaves guerriers. »

Darío Fernández-Morera, « Le mythe du paradis andalou » p158-159


huile sur toile de Giulio Rosati (1858-1917)  « choisissant sa favorite » – Un riche marchand Musulman choisissant sa favorite dans son harem


Martyre de San Pelayo - Juan Soreda (1532) - Église de San Pelayo à Olivares de Duero

Le calife Abd-Al-Rahman III était « amoureux » d’un enfant chrétien capturé nommé Pelayo : refusant de se convertir à l'Islam et les avances sexuelles du Calife, Pelayo a alors été torturé, martyrisé et tué. Il est depuis des siècles fêté comme saint martyre de l'Église catholique (le 26 juin dans le calendrier).


L'historien andalou Ibn Hayyan relate également, dans son monumental ouvrage Kitab al-Muktabys du XIème siècle, la cruauté de Abd Al Raman III envers ses femmes esclaves :
"Abd Al Raman III était sujet à d'épisodes particulièrement violent envers les femmes de son harem, soumettant une infortunée concubine ayant rejeté ses avances dans son palais à Madinat al-Zahra à des abus cruels, ordonnant à ses eunuques de la maintenir pendant qu'il lui brûlait le visage avec une chandelle."


Suite à la campagne dévastatrice menée par le calife Almanzor sur la province de León en 988, la nonne Flora raconte dans un document conservé aux archives du monastère de Santiago daté du 28 décembre 1023, comment toutes les nonnes du monastère Sainte-Christine furent capturées et emmenées de force, Flora ayant pu s'échapper. On voit dans sa manière de relater les faits à l’époque, que la conquête islamique n’avait rien de véritablement pacifique :
« Sur le compte des péchés des Chrétiens, le peuple sarrazin, graine des ismaélites, a envahi toutes les provinces de l’Occident en ordre de bataille pour dévorer la terre, et frapper partout avec l’épée, afin de ramener des captifs; le serpent leur a donné la victoire.  Et ils ont abattu les villes, détruit les murs, nous ont foulé aux pieds, ils ont rasé les cités, décapité les hommes, et il n’y a pas une ville, un village, ou un château ayant survécu à cette dévastation. »

archives « El monasterio de Santiago de León » vol. VI p238, documents regroupés par María del Pilar Yáñez Cifuentes
(repris aussi par Simon Barton dans « Conquerors, Brides, and Concubines: Interfaith Relations and Social Power in Medieval Iberia
» p36)
Ce qui s'est passé au monastère de Santiago de León, a été répliqué à Saint-Jacques de Compostelle, Astorga, Zamora, Pampelune, Barcelone,... pendant les campagne de Almanzor sur les deux dernières décennies du dixième siècle.

A Zamora en 981, Almanzor brûle les Églises et détruit les monastères. En 997, il mène une expédition dans le nord-ouest de l'Espagne, pille et détruit la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle, fait raser sa basilique.


Statue du calife de Cordoue Almanzor (937-1002), véritable persécuteur des Chrétiens, à Calatañazor, ville où il fut vaincu
par les forces réunies des rois de Navarre et de Léon, et du comte de Castille

L’idéologie islamique est profondément axée sur la conquête et l’asservissement des peuples de gré, (conversion ou soumission au statut de « dhimmi », une protection offerte contre un tribut, sous différents pactes) ou de force (exécution, persécution).
Après s’être rendues aux autorités musulmanes, pour rester en vie et ne pas risquer d’être persécutées, les populations chrétiennes et juives devaient signer un pacte de soumission. Le plus célèbre d’entre eux est le « pacte d’umar » imposé par un des premiers califes de l’Islam après la mort du Prophète Mohamed, qui servira de modèle aux différents califats d'Al-Andalus et jusqu’au milieu du XIXème siècle dans le monde musulman.

Typiquement, quelques exemples de conditions que devaient respecter les minorités religieuses chrétiennes et juives (dhimmis) soumises à ce pacte :
  • Nous ne construirons plus dans nos villes et dans leurs environs, ni couvents, ni églises, ni cellules de moines, ni ermitages. Nous ne réparerons point, ni de jour ni de nuit, ceux de ces édifices qui tomberaient en ruine, ou qui seraient situés dans les quartiers musulmans. 
  • Nous tiendrons nos portes grandes ouvertes aux passants et aux voyageurs. Nous donnerons l’hospitalité à tous les Musulmans qui passeront chez nous et les hébergerons durant trois jours. 
  • Nous ne donnerons asile, ni dans nos églises ni dans nos demeures, à aucun espion. 
  • Nous ne cacherons rien aux Musulmans qui soit de nature à leur nuire. 
  • Nous n’enseignerons pas le Coran à nos enfants. 
  • Nous ne manifesterons pas publiquement notre culte et ne le prêcherons pas.
  • Nous n’empêcherons aucun de nos parents d’embrasser l’Islam, si telle est sa volonté. 
  • Nous serons pleins de respect envers les Musulmans. Nous nous lèverons de nos sièges lorsqu’ils voudront s’asseoir. 
  • Nous ne chercherons point à leur ressembler, sous le rapport des vêtements, par la calotte, le turban ou les chaussures, ou par la manière de peigner nos cheveux. 
  • Nous ne ferons point usage de leur parler; nous ne prendrons pas leurs noms. 
  • Nous ne monterons point sur des selles
  •  Nous ne ceindrons pas l’épée. Nous ne détiendrons aucune espèce d’arme et n’en porterons point sur nous. 
  • Nous ne ferons point graver nos cachets en caractères arabes. 
  • Nous ne vendrons point de boissons fermentées. 
  • Nous nous tondrons le devant de la tête.
Exemple de la condition de dhimmis des Chrétiens dans l'Espagne musulmane Omeyyade sous Abd-Al-Rahman II, en 850 à Cordoue, le prêtre Perfectus est décapité pour avoir, dans un débat avec des Musulmans, blasphémé contre le Prophète Mohamed. Plusieurs Chrétiens sont par la suite massacrés.

Le magistrat de Séville Ibn Abdun pendant la période Almoravides (vers 1100), décrit les droits du dhimmi, Chrétiens et Juifs, dans son traité "Risala fi-l-qada wa-l-muhtasib", extraits :
"Le son des cloches doit être interdit en territoire musulman et réservé uniquement pour le pays des Infidèles"
"Il est interdit de vendre un manteau ayant appartenu à un lépreux, un Juif ou un Chrétien, à moins que l'acheteur n'ait été informé de son origine"
"Il est interdit de les croiser en les saluant "La Paix soit sur vous". En effet, "Satan les a dominés, et leur a fait oublier la promesse divine. Ils sont du parti de Satan, sûrement, ils seront les perdants !" (Coran 58:20)
"Un signe distinctif doit leur être imposé afin qu'ils soient reconnus, et qu'il soit pour eux une forme de disgrâce."
Les lois islamiques de la charia appliquée en Al-Andalus peuvent être également analysées succinctement, en étudiant quelques extraits de droits musulman de l'ouvrage "Bidayat al-Mujtahid wa-Nihayat al Muqtasid" du célèbre savant et juriste Ibn Rushd de Cordoue, plus connu sous le nom de Averroès (1126-1198) :
« Selon la majorité des savants, la nature obligatoire du Jihad est fondée sur le verset (coranique) [2 :216] : « Il vous est prescrit de combattre, bien que vous y répugnez ». C’est une obligation collective et non personnelle, soit une obligation, sauf quand elle ne peut être menée à bien par un nombre minimum d’individus, elle est annulée pour la préservation des musulmans, fondé sur [9 :122] »

"Les savants s’accordent sur le sort des polythéistes qui doivent être combattus. Cela est fondé sur [8 :39] « Combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de persécution et que la religion reviennent à Dieu totalement »

"Le dommage infligé à l’ennemi consiste à s’en prendre à ses biens, à le blesser ou à violer sa liberté personnelle, ou à le réduire en esclavage. Cela peut être infligé , selon le Consensus des savants (ijma’) à tous les polythéistes : hommes, femmes, jeunes et vieux, les notables ou personnes non importantes. L’opinion varie seulement sur les moines, qui doivent être laissés en paix et non captifs, et indemnes. Ils appuient cette opinion sur les mots du Prophète : « Laisse les en paix et aussi ce en quoi ils se sont consacré », et la pratique de Abu Bakr.« etc...

"La plupart des savants s’accordent sur le sort des captifs, plusieurs options s’ouvrent à l’Imam [ tête de l’Etat islamique, le calife, dans le sens des écrits d’Averroès]. Il peut leur pardonner, les réduire en esclavage, les tuer, les relâcher contre une rançon ou comme dhimmi, dans ce dernier cas le captif doit s’acquitter d’une taxe (jizya). (…) l’interprétation obvie du Coran [47 :4] « quand vous rencontrez les mécréants, frappez leurs cous, puis quand vous les avez largement massacrés, serrez bien leurs chaînes », l’Imam est le seul habilité à relâcher les captifs. "


On voit que les textes de lois coraniques de Al-Andalus diffèrent peu de ceux employés par Daech, l'État Islamique, au Moyen-Orient actuellement.

En dehors de son métier de juriste, Averroès faisait également de la philosophie et étudiait des traductions d'Aristote en langue arabe dont il a fait des études et des commentaires. Quand les autorités l'apprirent, il fut considéré comme hérétique, ses ouvrages furent brûlés et Averroès du s'enfuir d'Al-Andalus pour l'Afrique.
Sa pensée a été abandonnée par les Musulmans, tout ce qui reste de ce savant a été préservé et restauré par des Chrétiens et des Juifs dans le monde européen.


Extrait de la fresque "Le triomphe de Saint Thomas d'Aquin" de Andrea da Firenze (1365-1367) dans la chapelle Santa Maria Novella à Florence, montrant Averroès sous les pieds de Thomas d'Aquin, symbolisant la réfutation de sa philosophie par le célèbre docteur angélique.

La communauté juive vivant dans Al-Andalus a souvent été décrite comme riche et prospère. Cela pouvait être le cas pour certaines familles, pendant la période des taïfas en particulier, les rois musulmans préféraient avoir des Juifs que des Musulmans à des postes de hautes fonctions (vizir), parce que beaucoup d'entre eux avaient des compétences dans l'administration et les finances, et également par manque de confiance et peur d’être assassiné par un espion musulman d’un roi d’une taïfa adverse.
Dans beaucoup de villes, les Juifs vivaient dans des quartiers à part, les aljamas dans lesquels on rentrait par « la porte des Juifs » (Bab-al-Yahud). Les communautés pouvaient de fait, être mieux contrôlées par les autorités musulmanes.
Cela ne les préservaient pas pour autant des tensions avec les autorités musulmanes.
L’historien Ibn Bassam rapporte que un charpentier juif a refusé d’utiliser des outils parce que un Musulman s’en était déjà servi. Al-Idriss nous apprend que la partie centrale de la ville de Lucena était occupée par un quartier juif riche, où les Musulmans n’ont jamais pénétré.
Al-Suyuri rapporte dans une fatwa malékite, que des Musulmans ont refusé d’utiliser un puits de la ville dans lequel un Juif avait retiré de l’eau.
Darío Fernández-Morera - « the myth of the andalusian paradise
» p190

Les Juifs vivant dans l'Espagne musulmane ne furent pas plus épargnés par leur statut de dhimmi. Par exemple, le 30 décembre 1066, une foule musulmane prend d'assaut le palais royal de Grenade, crucifie le vizir juif, Joseph ibn Nagrela, et massacre la plus grande partie de la population juive de la ville. « 1500 familles juives, représentant environ 4000 personnes disparaissent en un jour ».

Le calife Almanzor restant sans descendance directe, le califat Omeyyade tombe en 1009, s'ensuit divers conflits mettant en prise Arabes et Berbères pour la prise du pouvoir, le califat de Cordoue est alors découpé en taïfas entre diverses factions islamiques rivales vers 1031 jusqu'en 1086.


Au XIème siècle, la résistance des Chrétiens s'organise à partir des royaumes du nord, la "reconquista", la reconquête militaire des territoires espagnols du nord vers le sud prend véritablement forme.



Véritable soldats fanatiques du Jihad, venus pallier les divisions entre Musulmans désorganisés et affaiblis, les almoravides conquierent les taïfas et réunifient Al-Andalus sous leur bannière. En 1090, Youssef ibn Tachfine, émir Almoravides s'empare de Cordoue, d'Almeria, de Séville. La domination des Almoravides en Espagne s'étend de 1086 à 1147.



Face à Youssef ibn Tachfine qui veut convertir de force tous les Chrétiens et les Juifs à l'Islam, les Chrétiens opposeront entre autres, un mercenaire qui deviendra champion de la cause chrétienne, Rodrigo Díaz de Vivar, surnommé El Cid Campeador (statue de la Plaza del Mío Cid à Burgos) qui stoppera l'avancée des jihadistes Almoravides, notamment par la prise de Valence.


La "Reconquista" chrétienne va être freinée sur la période d'unification de Al-Andalus par des islamistes de la dynastie berbère Almohades, en effet, profitant de l'affaiblissement de la dynastie Almoravide et l'assassinat de leur dernier chef, Abu Yusuf Yaqub al-Mansur et son père Abu Yaqub Yusuf conquièrent une partie de la péninsule et stabilisent leur pouvoir en étendant leur autorité entre 1147 et 1212 sur Al-Andalus.
 
Mais l'alliance des royaume chrétiens face à la menace islamiste devient irrésistible.
Dès la première moitié du XIIIème siècle, l'Espagne est quasiment reconquise, et pendant plus de 250 ans, seule subsistera le royaume islamique de Grenade, jusqu'à la prise définitive de la ville en 1492 par les Chrétiens.


Horace Vernet - La bataille de Las Navas de Tolosa - 16 juillet 1212 entre les Espagnols et les Maures (1817)
La bataille de La Navas de Tolosa
à l'initiative du roi Alphonse VIII de Castille, fut une grande victoire d'une coalition de royaumes chrétiens contre l'empire musulman almohades, et un tournant décisif pour la domination chrétienne sur l'Islam en Espagne.



« Moros y Cristianos », fêtes nationales célébrées depuis des siècles dans plusieurs provinces espagnoles (sur la vidéo à Elda, province d’Alicante, du 1er au 5 juin 2023) commémorant la victoire des Chrétiens sur les Musulmans, la « Reconquista » de leur territoire contre les califats islamiques.

Après la reconquête de leur territoire, et pour ne plus risquer de subir les lois islamiques de la charia, les Chrétiens imposent la conversion des Musulmans au Christianisme, ces derniers seront appelés Morisques.
Les Morisques, malgré leur conversion, ont continué à pratiquer l’Islam en secret pour une grande partie d’entre eux, restant ainsi fortement communautarisés et imprégnés de leur identité islamique.
A un tel niveau, que des révoltes de Morisques éclatent pour reprendre le pouvoir, la plus spectaculaire étant la révolte de Alpujarras qui dura quatre ans, de 1568 à 1571 dans le Royaume de Grenade, sous le règne de Philippe II d'Espagne.


"Jihad", l'ouvrage de Paul Fregosi, relate entre autres les périples du Morisque Fernando de Córdoba y Válor, qui se renommera Muhammad Ibn Umaiya, se prétendant descendant du Calife de Cordoue, il mènera le Jihad islamique contre Philippe II afin de rétablir le Califat dans les montagnes de Alpujarras à l’aide d’une armée de 40 000 hommes, de Turcs et de corsaires venant d’Alger. Terreur, pillages, razzia, viols et meurtres de Chrétiens sont alors perpétrés de manière sporadique dans les villages de la région de Grenade.

 
Don Juan d'Autriche armé - peinture de Alonso Sánchez Coello (1588)

Emmenés par l’infant Don Juan d’Autriche, les Espagnols réprimeront ces révoltes dans le sang, les Morisques seront dispersés, avant d’être définitivement expulsés d’Espagne quelques années plus tard, en 1609.
 
Les Morisques expulsés d'Espagne en 1609 - Embarquement des Morisques au port du Grao à Valence - Pere Oromig (1612-1613)

Al-Andalus fut finalement une entreprise vouée à l'échec en Europe, mais qui a réussi dans les pays musulmans.
En effet, en Afrique, les Chrétiens et les Juifs subissent une extinction inexorable, par l’interdiction de construction de nouveaux lieux de culte, les brimades et les persécutions. Au Maroc, les Chrétiens ne représentent plus qu’une population de 8 000 personnes, et il n’y a plus que 4 000 Juifs. 99,9% de la population marocaine est musulmane, autant dire que la présence du Christianisme et du Judaïsme est maintenant anecdotique. Tout comme en Algérie, où la communauté chrétienne est devenue pratiquement inexistante (0,2% de la population algérienne), le simple fait de posséder une Bible peut être passible de poursuites judiciaires.

La Turquie, berceau du Christianisme avec ses milliers d'Églises, époque byzantine, arménienne et anatolienne a vu sa population chrétienne fondre au cours des siècles : il y en avait encore près de 20% sur le territoire turc au début du XXème siècle, aujourd'hui... 0,2%.

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