L’œcuménisme est la digue qui protège l’Eglise contre les assauts de ses ennemis, intérieurs comme extérieurs : Elle garantit la mobilisation cohérente des défenseurs de la foi pour repousser les attaques qu’elle ne cesse de subir : A chaque fois que les fondations de l’Eglise ont été menacées, c’est par un concile œcuménique qu’elles ont été sauvées.
Mais, au XXe siècle, en laissant dévoyer le sens même du mot « œcuménisme », l’Eglise a ainsi laissé abattre le rempart de la foi. Alors, les dogmes et la théologie se sont dilués dans des thèses impies qui non seulement ont mené à l’apostasie la plupart des fidèles, mais ont encore permis aux traîtres infiltrés dans l’Eglise de se hisser jusqu’aux plus hautes instances, d’où il leur est facile de la détruire de fond en comble. C’est pourquoi il est important de rappeler ici ce qu’est vraiment l’œcuménisme originel, et comment l’idée s’en est trouvée dévoyée.
Rappelons tout d’abord que, parmi les 21 conciles œcuméniques ou conciles généraux de l’histoire de l’Eglise catholique, Vatican II est le seul qui n’a condamné ni rien ni personne. Les esprits naïfs ne pourront s’empêcher de trouver cela admirable, mais nous allons leur montrer à quel point ils se trompent.
Si l’on considère l’histoire de l’Eglise, on peut constater que les fauteurs d’hérésies ont œuvré sans relâche à tenter de la détruire, et ce dans tous les siècles : il s’agissait de tracer, sur le chemin des croyants, des déviations vers l’abîme, puis de poster aux carrefours de ces fausses routes des séducteurs pour dire aux fidèles : Quittez le chemin sur lequel vous êtes engagés, prenez cette bifurcation car elle vous mènera plus sûrement au salut !
Heureusement pour les fidèles, jusqu’au 20e concile (1er concile du Vatican, 1869-70, inachevé en raison de la guerre qui avait éclaté), l’Eglise veillait sur ces séductions surgissant de façon récurrente et, quand elles devenaient menaçantes, convoquait un concile œcuménique pour protéger les croyants qui, ainsi alertés, se détournaient d’une voie qui leur avait parfois semblé séduisante à première vue.
- La perpétuelle litanie des hérésies
Ainsi, dès le premier siècle, saint Jean condamne la secte des nicolaïtes (Apocalypse, 2.6, 2.14-15, 2.20). Au quatrième siècle, l’arianisme menace d’emporter l’Eglise, car il y est majoritaire : Le salut viendra du premier concile œcuménique, celui de Nicée, tenu en l’an 325 pour rappeler la vraie doctrine et mettre fin à la séduction d’Arius ; en 431, le concile d’Ephèse condamne le nestorianisme ; en 451, sous Léon le Grand, le concile de Chalcédoine (4e Concile Général) condamne le monophysisme ; en 680, le 3e concile de Constantinople (6e CG), condamne le monothélisme ; en 787, le Second Concile de Nicée (7e CG) condamne l’iconoclasme…
… et ainsi de suite jusqu’au long concile de Trente (19e CG, tenu en plusieurs sessions de 1545 à 1563) qui condamne le protestantisme, l’hérésie des hérésies qui, après l’effritement incessant fatalement induit par ses principes fondateurs, a mené logiquement à l’apostasie quasi-généralisée que nous connaissons aujourd’hui.
Les hérésies furent à vrai dire innombrables, posées comme autant d’obstacles sur le chemin du salut. A celles que nous avons citées plus haut, ajoutons les suivantes pour bien montrer qu’elles ont fleuri en abondance et en tout temps : montanisme, apollinarisme, macédonianisme, pélagianisme, semi-pélagianisme, manichéisme, donatisme, eutychianisme, origénisme, adoptionisme, catharisme, traducianisme, sabellianisme, tertullianisme… et la liste est encore incomplète. Le devoir des prélats est de protéger la Vigne du Seigneur contre les mauvaises semences qui menacent de l’étouffer : c’est bien le rôle du concile général de condamner les menaces de son temps contre la Vérité, et non de redéfinir la Vérité pour la diluer dans les vapeurs du temps.
2. Synodes locaux et conciles œcuméniques
Comme toujours, un peu d’étymologie ne peut nuire à la bonne compréhension des termes : œcuménisme vient du grec oikoumenê qui signifie la terre habitée ou l’univers : On comprend donc pourquoi les conciles œcuméniques sont aussi dits généraux ou universels.
Pourquoi ce terme de concile général ou œcuménique ? Tout simplement parce que, de tout temps, l’Eglise a tenu des synodes ou conciles locaux pour confirmer ou rétablir la discipline morale, doctrinale ou simplement pratique dans le périmètre du territoire concerné : Un synode peut être national, provincial ou diocésain.
Par opposition à ces synodes locaux ne concernant qu’une partie limitée de l’Eglise, l’autorité pontificale peut organiser des conciles œcuméniques, appelés ainsi car ils réunissent l’universalité de l’Eglise, à savoir l’ensemble des évêques du monde catholique, « de toute nation, race, peuple et langue » (Apocalypse, 7.9). Ces conciles généraux ont alors une autorité doctrinale que n’ont pas les synodes locaux.
Il va de soi que pour l’Eglise, lorsqu’il s’agit de doctrine, le qualificatif « général » ne concerne nulle autre doctrine que la doctrine catholique : Lorsqu’une société anonyme tient son assemblée générale, elle n’a aucune raison de convoquer les actionnaires des sociétés concurrentes pour discuter de sa propre organisation et de ses orientations. Dans le cas de l’Eglise, cela est d’autant plus vrai que la vérité révélée par le Christ et consignée aux canons par la tradition des Pères, des conciles œcuméniques et des publications pontificales n’a pas à se remettre en question sous prétexte qu’il existe des hérésies.
Ainsi, que dirait-on d’un congrès d’astrophysique qui s’efforcerait de prendre en compte des cosmogonies erronées affirmant que la terre est plate ou que le soleil tourne autour de la terre, sous prétexte de ne pas froisser ceux qui ont la faiblesse d’esprit de croire à ces fadaises ?
Au contraire, c’est précisément parce que l’hérésie se renouvelle en tout temps que la vérité a besoin d’être protégée par l’Eglise, qui a pour devoir de condamner solennellement et aussi promptement que possible toute nouvelle erreur dès qu’elle surgit : Le travail principal des conciles œcuméniques n’a jamais consisté à modifier la vérité révélée, mais à condamner les désordres qui s’installaient dans l’Eglise et les erreurs qui la menaçaient.
Le problème est généralement d’autant plus prégnant que les plus redoutables ennemis ont toujours agi de l’intérieur de l’Eglise :
« Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n'étaient pas des nôtres » (1e épître de St Jean, 2.19)
- Fondement du Protestantisme
Il est connu que le Protestantisme étant fondé sur une division sacrilège, il s’est lui-même fragmenté en si nombreuses parties que nul ne peut dire combien il existe de sectes protestantes. Il est assez cocasse, d’ailleurs, de constater que des doctrines qui ont, par leurs séductions, coupé de l’Eglise des peuples entiers pour les diviser eux-mêmes ensuite en d’innombrables sectes concurrentes, viennent finalement verser des larmes de crocodile en déplorant la division dont elles sont elles-mêmes les causes directes ; la fragmentation récurrente du Protestantisme est inhérente au sacerdoce universel qu’il professe : en vertu du libre examen des Ecritures, il y a, à la limite, autant d’églises protestantes que de prétendus croyants : le Protestantisme est purement hérétique au sens le plus étymologique de ce terme.
Tout Protestant qui déplore sincèrement l’effritement dont il est le fruit n’a qu’une chose à faire : se convertir au catholicisme et retrouver ainsi l’unité perdue, cause de ses gémissements. Mais cela implique l’humilité du repentir et la reconnaissance d’une sacralité transcendante, ce qui, pour l’orgueil du Protestant féru de libre examen, est une épreuve presque insurmontable.
- La WCFO, germe de la corruption
C’est en 1910 que fut projetée la « World Conference on Faith and Order »(WCFO), appelée en français « Conférence Mondiale sur la Foi et la Constitution des Églises ». Cette société d’origine anglo-saxonne et protestante prétendait œuvrer pour l’unité des églises « professant la croyance en la Trinité » : Par cette définition, elle avait bien entendu pour but d’inclure l’Eglise catholique. L’Eglise byzantine, elle aussi jalouse de la primauté catholique, ne manqua pas, dès 1920, de s’agréger à cette entreprise dont les credos contradictoires s’associaient contre toute logique, sinon celle de nuire à la seule véritable Eglise de Jésus-Christ.
Il va de soi, en effet, que la cible de ce congrès était l’Eglise catholique à laquelle, par ce prétendu appel à la fraternité, les Protestants ambitionnaient d’arracher l’autorité légitime dont elle seule est dépositaire sans discontinuer depuis Jésus-Christ à travers la consécration épiscopale d’abord conférée à saint Pierre, prince des apôtres, puis transmise par lui sans discontinuer jusqu’à ce jour par le sacrement de l’ordre.
- Le petit doigt dans l’engrenage
La première guerre mondiale retarda la tenue de la première conférence. Mais dès la fin de cette sinistre boucherie, les astucieux initiateurs de la WCFO repartirent de l’avant et parvinrent à obtenir audience auprès du pape Benoit XV(1914-1922), en 1919. Première erreur pontificale, qui fut par ailleurs la première audience officielle accordée par un pape à un protestant depuis le XVIe siècle. Malgré cette faiblesse, Benoit XV confirma tout de même l’exclusivité catholique du culte chrétien et interdit toute participation catholique à ce conciliabule sans autorisation préalable du Saint-Siège par un décret du Saint Office le 4 juillet 1919.
Sans se laisser décourager par le refus de Benoit XV, la WCFO tenta de nouveau sa chance avec son successeur Pie XI(1922-1939), en invitant l’Eglise catholique à participer à son premier congrès, tenu à Lausanne en 1927. Mais derechef, par un décret du Saint Office de 1927, le pape Pie XI défendit formellement à tout catholique de s’y rendre. Mieux encore, Pie XI condamna ce mouvement ‘panchrétien’ dans son encyclique « Mortalium Animos » du 6 janvier 1928.
La WCFO ne baissa pas les bras pour si peu : Elle organisa un second congrès en 1937, à Edinbourg, cette fois, où fut décidée la création d’un Conseil Œcuménique des Eglises (COE), qui ne prit forme toutefois qu’en 1948 en raison de la seconde guerre mondiale.
Le mot était lâché : Conseil Œcuménique ! Il n’est pas anodin que les Protestants aient eu l’impudence de s’approprier ce vocable appartenant indiscutablement à l’histoire de l’Eglise catholique, car le but de ce Conseil hérétique n’était autre que de préparer le dévoiement du concept attaché à ce vocable. Ainsi, ils n’hésitèrent pas à frapper leur logo du mot grec « Oikoumenê » :
Le choix du vocable ‘Oikoumenê’ constitue ici une véritable usurpation, une violation de la tradition historique de l’Eglise, un cri de guerre lancé contre le catholicisme. Ce choix n’est pas anodin, car il préparait la trahison qui allait être opérée par Roncalli 12 ans plus tard, avant même l’ouverture du Concile Vatican II, comme nous allons le voir.
L’appropriation de ce vocable par cette assemblée d’usurpateurs est un cri de guerre appelant à l’union de tous contre le Christ et son Eglise :
« Et, de fait, ce sont des esprits démoniaques, des faiseurs de prodiges qui s’en vont rassembler les rois du monde entier pour la guerre, pour le Grand Jour du Dieu Maître-de-tout » (Apocalypse, 16.14)
Cette usurpation dialectique, alliée aux échos internes rendus par Yves Congar (cf §6) et ses amis, ne fut pas sans effet : Ainsi, au 3e congrès WCFO tenu à Lund en Suède en 1952, cette fois sous l’égide du COE fraîchement créé, l’évêque catholique de Stockholm envoya 4 observateurs : On peut voir dans cette seconde faute que 42 ans de manœuvres avaient déjà commencé à fausser l’esprit de l’Eglise, et que le relai interne fourni par Congar commençait à porter ses fruits : En faisant glisser l’adjectif « œcuménique » vers l’acception d’une association de religions contradictoires, ils transperçaient l’Eglise aussi sûrement que la couronne d’épines qui fut infligée à Jésus :
« Ils tressèrent une couronne d'épines, qu'ils posèrent sur sa tête, et ils lui mirent un roseau dans la main droite ; puis, s'agenouillant devant lui, ils le raillaient, en disant : Salut, roi des Juifs ! » (Matthieu, 27.29)
- Congar, cheval de Troie de la WCFO
L’écho escompté dans l’Eglise par l’appel des Protestants à leur œcuménisme dévoyé ne tarda pas, puisque que le dominicain français Yves Congar publia, en 1937, juste avant le 2e congrès WCFO d’Edinbourg, son ouvrage « Chrétiens désunis. Principe d’un œcuménisme catholique » qui épousait parfaitement les vues de ce mouvement protestant : en supposant que l’œcuménisme doit inclure les hérétiques, on sous-entend que l’hérésie est égale en dignité à l’orthodoxie(1), qui aurait donc pour devoir de renégocier avec elle ce qui est vrai et juste. Du point de vue catholique, cette thèse est proprement irrecevable : Le pape Pie XI et son secrétaire, le futur Pie XII(1939-1958), ne furent d’ailleurs pas dupes un seul instant du piège qui était tendu à l’Eglise par la WCFO, et rejetèrent souverainement ces conciliabules hypocrites.
Nous pouvons nous demander aujourd’hui comment un théologien aussi inconsistant que Congar a pu jouir d’un tel prestige. Nous ne pouvons en cela nous empêcher de repenser à la prophétie de La Salette(2). Mais déjà le jour commence à poindre, signe que l’éclipse prendra bientôt fin…
Congar, se faisant l’écho du premier congrès Protestant de 1927, aidait le second par son ouvrage erroné et préparait le terrain du concile destructeur, en relayant à l’intérieur de l’Eglise le dévoiement de la notion d’œcuménisme. Cependant, comme il multipliait les erreurs doctrinales dans ses écrits, Congar fut sagement mis à l’écart par Pie XII, qui, en 1955, lui imposa le silence d’un monastère.
- Les « frères séparés » ou le triomphe de l’indifférentisme
Nous l’avons dit au début de cette étude, et nous le répétons ici : L’œcuménisme est la digue qui protège l’Eglise contre les assauts de ses ennemis, intérieurs comme extérieurs : Il garantit la mobilisation cohérente des défenseurs de la foi pour repousser les attaques qu’elle ne cesse de subir. En dévoyant le sens de ce concept, on prive l’Eglise de son rempart, et la théologie se dilue dans des élucubrations infâmes qui mènent à l’apostasie.
Elu le 28 octobre 1958 dans des conditions douteuses qui mériteraient à elles seules un article particulier, Angelo Roncalli (Jean XXIII) ne perdit pas de temps :
Dès le 25 janvier 1959, soit moins de trois mois après son élection, il annonça officiellement la convocation d’un concile œcuménique pour répondre, disait-il, au « besoin de mise à jour » (« aggiornamento ») du temps.
Moins de trois mois plus tard, en avril 1959, il fait retirer des prières du vendredi saint l’appel à la conversion des Juifs qui faisait partie de la liturgie depuis le VIIIe siècle : c’est là la première manifestation éclatante d’indifférentisme(6) de son pontificat, et la démonstration d’un souverain mépris de la tradition qui a toujours été la signature des francs-maçons infiltrés dans l’Eglise.
Frappant de plus en plus fort, et malgré l’incompatibilité insoluble entre le catholicisme et les hérésies, Jean XXIII créa, début juin 1960, le Secrétariat pour l’Unité des Chrétiens à la tête duquel il nomma le crypto-Juif Bea. Par sa seule existence, ce Secrétariat ouvrait la porte aux hérétiques en officialisant la nécessité d’un organe de dialogue entre l’Eglise et les hérésies et couronnait ainsi de succès les manœuvres protestantes de la WCFO et du COE en adoubant leur dévoiement impie de la notion d’œcuménisme. Il se retrouva alors face à une opposition de cardinaux orthodoxes(1) qui lui firent remarquer : « Mais, Votre Sainteté, ce sont des hérétiques, ils ont part avec Satan ! que viendraient-ils faire à ce concile, sinon y jeter le trouble ? » Le pape franc-maçon balaya leurs objections par cette simple réponse : « Ce sont nos frères séparés ».
Cette apparente mansuétude cachait mal la filiation maçonnique de l’usurpateur, car elle sort tout droit de l’esprit indifférentiste (6) de la franc-maçonnerie, source de l’apostasie matérialiste qui a submergé le monde chrétien.
- Elargissement sans limite
Par une suite logique, en acceptant la suggestion de prendre en compte le culte byzantin et la nébuleuse protestante sous prétexte qu’ils se prétendaient chrétiens tout en ne l’étant pas vraiment, plus rien n’empêchait l’Eglise d’inclure ensuite d’autres religions dans ses considérations théologiques ou pastorales :
Ainsi, à peine nommé à la tête du Secrétariat, le cardinal Bea se rendit à New-York le 9 juin 1960 pour y rencontrer John Oesterreicher, fondateur du très douteux Institute of Judaeo-Christian Studies de l’université catholique de Seton Hall, qui lui ouvrit de fructueuses relations avec des instances juives américaines pour recueillir leurs suggestions afin d’expurger de la théologie et de la liturgie catholique ce qui pouvait leur déplaire !
Pour faire aboutir ce projet, dès le 18 septembre 1960, Bea obtint du pape l’extension du champ de compétences du Secrétariat pour l’Unité des Chrétiens à la question des Juifs. D’ailleurs, les commentaires et analyses parlant de ce secrétariat omirent de plus en plus fréquemment le complément « des chrétiens » pour parler seulement de « Secrétariat pour l’Unité ».
Cela aboutit sous Paul VI (1963-1978), antipape de naissance juive et continuateur du concile Vatican II jusqu’à son terme (8 décembre 1965), à la déclaration Nostra Aetate, publiée le 28 octobre 1965 lors de la 4e session du concile, qui se prosternait littéralement devant les Juifs et adressait des clins d’œil racoleurs à l’islam, pour culminer plus tard dans les « prières pour la paix » d’Assise initiées par Jean-Paul II (1978-2005) en 1986, qui passaient la vitesse supérieure, si l’on peut dire, en quittant la sphère monothéiste pour s’étendre aux cultes hindouiste, bouddhiste, animiste, et à tous les polythéismes de la planète.
On peut alors considérer que le concile Vatican II ne fut pas un concile œcuménique, mais une sorte de foire des religions, un conciliabule entre religions contradictoires. Pour une ouverture au monde, ce fut une ouverture au monde…
Là où les vingt conciles précédents avaient eu à cœur, en condamnant fermement les hérésies de leur temps par des réfutations théologiques circonstanciées afin de garder le cap du salut face aux vents pervers qui n’ont jamais manqué de souffler de toute part sur la Barque de Pierre, Le concile Vatican II ouvrit grand la porte à toutes les hérésies, n’en condamnant aucune, les recevant même avec beaucoup d’honneurs et allant jusqu’à cette posture inouïe dans l’histoire des conciles, qui consiste à proférer des formules ambiguës ouvrant la voie aux interprétations erronées en vue de livrer l’Eglise aux mains de ses ennemis. Il réalise ainsi l’action de la franc-maçonnerie parfaitement décrite par Léon XIII (1878-1903) :
« (…) le but de leur secret dessein : à savoir, de proclamer que le moment est venu de supprimer la puissance sacrée des Pontifes romains et de détruire entièrement cette Papauté qui est d'institution divine. » ( encyclique Humanum Genus, Léon XIII, 1884 )
Mais comment fut-il possible d’endormir à ce point la vigilance des pères du concile ?
- Le corbeau et le renard, ou l’euphorie du flatté
Nous tenons ici pour très probable le fait que l’élection de John Fitzgerald Kennedy à la présidence des Etats-Unis d’Amérique en novembre 1960 fut favorisée par l’appareil maçonnique pour préparer le concile Vatican II : En effet, Kennedy, quoique franc-maçon, fut le seul président officiellement catholique de l’histoire des Etats-Unis, ce qui explique son élection au moment opportun ; mais aussi, quoique franc-maçon, il avait gardé de nombreuses valeurs fondamentales du catholicisme, qui le mirent en opposition radicale avec l’Etat profond, auquel il s’attaqua de front , notamment par son remarquable discours à la presse du 27 avril 1961, commençant par ces mots :
« Le mot ‘secret’ est en lui-même répugnant dans une société libre et ouverte ; et nous, en tant que peuple, sommes intrinsèquement et historiquement opposés aux sociétés secrètes, aux serments secrets et aux actions secrètes. Nous avons décidé, il y a longtemps, que les dangers qu’il y a à tenir cachés, de manière excessive et incontrôlée, des faits significatifs, dépasse de loin les dangers mis en avant pour justifier cette mise au secret(…) » (J.F Kennedy, discours à la presse du 27 avril 1961)
Fustiger ainsi le ‘secret’ ne pouvait que déplaire aux sociétés du même nom. D’ailleurs, en novembre 1963, tandis que l’issue du concile était désormais certaine, tous les leviers étant alors solidement arrimés aux corps occultes sournoisement implantés dans l’Eglise par la franc-maçonnerie, Kennedy fut assassiné dans des circonstances restées mystérieuses, dont Henri Verneuil exposa une analyse crédible dans son film « I…comme Icare » en 1980, montrant que c’est l’ « Etat profond » lui-même qui s’est débarrassé d’un justicier encombrant dont il n’avait plus besoin.
Replaçons-nous dans le contexte de l’époque : En 1960, l’Eglise catholique semble au faîte de sa puissance, les conversions de Juifs et de Protestants depuis un siècle sont nombreuses (et notamment John Newman, Julien Green, Bergson, Simone Weil(3), Edith Stein, Israël Zoller…) les églises des nations catholiques sont pleines chaque dimanche et, malgré un goût prononcé pour la déraison fantastique, venu de l’influence américaine et du choc de la seconde guerre mondiale, la jeunesse européenne est toujours très largement croyante et assez massivement pratiquante, hormis toutefois quelques groupes, d’élite ou populaires, égarés par les sirènes du marxisme. En France, les séminaires se remplissent dans chaque département : A titre d’exemple, la seule Bretagne ordonnait plus de prêtres en 1960 que toute la France en 2020 ! En 1960, le Vatican est comblé de dons par tous les continents, les ordres réguliers ouvrent de nouveaux monastères et les missions vers le tiers-monde sont encore nombreuses et fructueuses : Ainsi, en apparence, l’Eglise semble aller mieux que jamais.
C’est dans ce contexte que J.F Kennedy devient le premier président catholique (mais aussi le dernier…) de la plus puissante nation du globe, alors elle aussi au faîte de sa gloire : Cette élection semble donner au catholicisme un ascendant irrésistible qui va lui conférer une autorité nouvelle sur l’ensemble de la planète, et d’autant plus que depuis le démantèlement de l’empire Ottoman, l’islam politique, obstacle sérieux à la conversion du monde, est en berne. Il ne se réveillera que bien plus tard, en 1979.
C’est alors que Roncalli peut convoquer le second concile œcuménique du Vatican. Plus rien ne semble pouvoir arrêter la conversion des impies, et l’élection de Kennedy en est le symbole le plus éclatant : Il faut donc appeler le monde au « dialogue », maître-mot de Vatican II, l’idée étant que ce dialogue ne pourra que mener à la conversion des brebis égarées. Il était nécessaire de créer ce climat d’assurance de l’ascendant irrésistible du catholicisme, afin d’amener les orthodoxes(1) à baisser la garde puisque le triomphe final de l’Eglise sur le monde semblait si proche. Et l’élection de John Kennedy ne put que contribuer fortement à atteindre cet effet psychologique escompté.
- Sabotage dès l’ouverture du concile
Angelo Roncalli, « Homme de l’année 1962 » selon la presse américaine
C’est, en effet, dans cette euphorie d’un catholicisme apparemment triomphant que le concile a été lancé en octobre 1962, et sa prise en main par la secte judéo-maçonnique a été opérée de main de maître : le cardinal Ottaviani, préfet du Saint-Office et cardinal orthodoxe(1), fut la première cible de l’action des traîtres : Ils commencèrent par contester l’ordre du jour des premières réunions. Ce sabotage fut mené par le franc-maçon Liénart(4), alors évêque de Lille : Le 13 octobre 1962, troisième jour du concile, Liénart se leva solennellement et prit la parole, alors qu’elle lui avait pourtant été refusée, pour exiger que fussent rejetés les travaux préparatoires du cardinal Ottaviani.
Bien que les vociférations de Liénart pour renverser Ottaviani n’entrainassent qu’un tiers des votes, soit environ 820 évêques sur plus de 2200, ce tiers constituait un séisme suffisant pour permettre à Roncalli de neutraliser définitivement l’orthodoxie(1), au prétexte de ramener le calme dans le concile. Ainsi, les orthodoxes durent s’incliner, et les commissions les plus douteuses purent alors fleurir sans vergogne dans ce concile qui allait devenir le plus misérable de l’histoire de l’Eglise.
L’audace de Liénart et de ses amis, au rang desquels il faut inscrire Ratzinger, le futur Benoît XVI (2005-2013), fut pour ainsi dire prophétisée par saint Pie X :
« (…) les artisans d'erreurs, il n'y a pas à les chercher aujourd'hui parmi les ennemis déclarés. Ils se cachent(…) dans le sein même et au cœur de l'Eglise(…). Nous parlons (…) de prêtres, qui, sous couleur d'amour de l'Eglise, absolument courts de philosophie et de théologie sérieuses, imprégnés au contraire jusqu'aux moelles d'un venin d'erreur puisé chez les adversaires de la foi catholique, se posent, au mépris de toute modestie, comme rénovateurs de l'Eglise ; qui, en phalanges serrées, donnent audacieusement l'assaut à tout ce qu'il y a de plus sacré dans l'œuvre de Jésus-Christ, sans respecter sa propre personne, qu'ils abaissent, par une témérité sacrilège, jusqu'à la simple et pure humanité. » (St Pie X, Encyclique Pascendi Dominici Gregis, §2, 8 septembre 1907).
- L’angoisse de la menace nucléaire, ou la paix à tout prix
Le second appui politique en faveur de l’hétérodoxie est l’obsession de la « paix », particulièrement prégnante en cette période de guerre froide où une 3e guerre mondiale faillit éclater lors de l’affaire des missiles de Cuba, qui éclata comme par hasard le 16 octobre 1962, c'est-à-dire 5 jours seulement après l’ouverture des travaux préparatoires du concile : la vision apocalyptique d’une guerre nucléaire évitée de justesse contribuait à pousser les prélats à rechercher avant tout la paix : il fallait donc avoir pour souci principal de n’indisposer personne, plutôt que d’affirmer avec intransigeance la rigueur d’une doctrine qui ne peut que froisser ceux qui la refusent : et comment en serait-il autrement ? Car le moins qu’on puisse dire est bien que Jésus, lui, n’a pas hésité, pour défendre la vérité, à froisser les docteurs du Sanhédrin :
« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ; vous n'y entrez pas vous-mêmes, et vous n'y laissez pas entrer ceux qui veulent entrer. »(Matthieu, 23.13)
- Les particularités de Vatican II
Ce double appui d’un optimisme béat sur le plan religieux et d’un angoissant besoin de paix sur celui des nations exerça une si forte pression sur les défenseurs de l’Eglise qu’ils ne purent que baisser la garde face aux assauts effrontés des judéo-maçons qui l’avaient infiltrée jusqu’à son sommet et purent alors organiser les grands chahuts qui dévièrent les orientations des travaux préparatoires du cardinal Ottaviani.
Ce qui distingue clairement Vatican II des vingt autres conciles œcuméniques de l’Histoire de l’Eglise, ce sont trois choses :
- Le dévoiement du concept d’œcuménisme aboutissant à la participation de sectes hérétiques, ennemies de l’Eglise, en tant qu’observateurs auxquels on a laissé le droit de faire des remarques ou des recommandations, que l’Eglise s’est ensuite efforcée de satisfaire.
- L’absence de condamnation des doctrines hérétiques du temps, à commencer par le communisme, cette fournaise satanique qui a exterminé plus de 80 millions d’hommes, de femmes et d’enfants.
- L’obsession d’adresser à toute religion hérétique ou païenne des paroles complaisantes visant à faire oublier l’intransigeance traditionnelle de l’Eglise envers les hérésies. De là cet esprit de minauderie qui caractérise, depuis Vatican II, la parole des prélats catholiques.
- La minauderie, clef de la stratégie conciliaire
La religion universelle est ouverte à tous les hommes, au sens où elle les invite à se convertir à une vérité qu’elle n’a pas créée à partir de conjectures humaines, mais qui a été révélée par Jésus-Christ, Dieu fait homme.
Par conséquent, l’Eglise catholique, réceptacle légitime de la révélation car fondée par le Christ lui-même, n’a pas à se soucier des élucubrations de sectes qui prétendent parler à sa place. Pourtant, il est clair, au sujet des Juifs et des Protestants, que ces groupes hérétiques eurent une réelle influence sur le concile Vatican II.
C’est de cette minauderie accouchée par ce concile, et dont il fut l’un des principaux artisans, que l’antipape Wojtyla, alias Jean-Paul II, proclama l’énormité suivante : « Il existe une part de salut dans l’islam », avant d’aller solennellement embrasser le Coran, tissu d’erreurs et de blasphèmes(7) selon la foi catholique, sous le regard effaré des chrétiens encore conscients, et sous le sentiment d’ivresse victorieuse de musulmans qui n’en croyaient pas leurs yeux.
Car, en effet, la minauderie est le maître-mot de l’Eglise conciliaire depuis qu’elle a abjuré la véritable foi : Ne condamner personne, voilà comment séduire le monde, laissent penser ces stratèges de la duplicité. Le résultat de cette attitude est que non seulement elle n’a rallié à l’Eglise aucune communauté, mais elle a eu pour principal effet, tout en égarant profondément ceux qui voulurent à tout prix rester dans l’obéissance à Rome, de faire fuir les fidèles qui, constatant que ce qu’on leur avait présenté comme absolu ou « de foi » dans le catéchisme de leur enfance était devenu relatif et facultatif, eurent le sentiment que l’on s’était moqué d’eux et qu’il ne servait à rien de demeurer dans cette Eglise où la vérité qu’ils avaient crue éternelle pouvait changer du jour au lendemain.
En ce qui concerne les hérétiques, l’Eglise n’a jamais eu pour devoir de les inviter à réviser avec elle la doctrine universelle, puisqu’ils refusent d’y souscrire, mais son seul devoir est de les appeler sans relâche au repentir et à la conversion, dont la possibilité leur est toujours offerte, jusqu’au seuil de la mort.
De fait, ce n’est pas en ne condamnant pas que l’Eglise fait preuve de générosité. Au contraire, en ne condamnant plus les hérésies, elle livre les hommes à eux-mêmes, les privant de la bienveillante protection maternelle que leur accordait jadis l’épouse du Christ en leur servant de boussole, et à part quelques élus chanceux, ils ne sont pas de taille à lutter contre « l’énorme Dragon, l’antique Serpent, le Diable ou le Satan, le séducteur du monde entier » (Apocalypse, 12.9). C’est ainsi que les rangs de l’Eglise se sont dépeuplés d’année en année, depuis que ses ennemis en ont pris la tête, et que les conversions, si nombreuses de Pie IX à Pie XII, se sont raréfiées.
- L’intransigeance de la véritable Eglise
La minauderie conciliaire a culminé l’an dernier dans le pur blasphème de la prosternation des prélats, « pape » compris, devant la déesse païenne Pachamama : cette image « d’ouverture » est une misérable supercherie qui retombera sur la tête de ces imposteurs-apostats, qui sont d’autant plus coupables qu’est élevée leur position dans l’Eglise.
L’attitude de ces prélats consistant à minauder devant les ennemis de l’Eglise tout en traitant par le mépris les Catholiques choqués par leur impiété de plus en plus manifeste, est un genre de négatif photographique des temps apostoliques, dont ils ont pourtant l’outrecuidance de se prétendre plus proches que ne le furent ceux qui précédèrent leur sinistre Concile, en vertu d’un soi-disant retour aux sources de la foi qui n’en est au contraire qu’une pure négation, une poudre aux yeux dialectique qui dissimule bien mal leur perfide apostasie.
Jésus, lui, n’a jamais dit à ses apôtres que pour avoir la paix, il fallait s’efforcer de plaire à tout le monde, mais il leur a dit :
« Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui ; mais parce que vous n'êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait. » (Evangile selon St-Jean, 15.19)
Mais aussi dans l’Evangile selon saint Matthieu :
« Alors on vous livrera aux tourments, et l'on vous fera mourir ; et vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom. » (Matthieu ,24.9)
Devant le sanhédrin, qui l’accusait de s’être proclamé Fils de Dieu et voyait là un blasphème méritant la mort, il répondit sans crainte de l’inévitable condamnation qui allait suivre :
« Ils dirent tous : " Tu es donc le Fils de Dieu ? " Il leur répondit : " Vous le dites : je le suis. " » (Luc, 22.70)
Prophétisant le martyre qui frappa les chrétiens durant plus de 3 siècles et qui les frappe à nouveau depuis 14 siècles, Jésus déclara :
« (…) et même l'heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre un culte à Dieu. » (Jean, 16.2)
Saint Pierre et saint Jean, comparaissant à leur tour devant le sanhédrin :
« Et les ayant appelés, ils leur défendirent absolument de parler et d'enseigner au nom de Jésus. Pierre et Jean leur répondirent : Jugez s'il est juste, devant Dieu, de vous obéir plutôt qu'à Dieu ; car nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu. » (Actes des Apôtres, 4.18-20)
Concernant les paganismes ou les hérésies qui nient la Trinité, il est écrit :
« Qui est menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l'antéchrist, qui nie le Père et le Fils. Quiconque nie le Fils n'a pas non plus le Père ; quiconque confesse le Fils a aussi le Père. » (Jean, 2.22-23)
L’Eglise n’a donc rien à négocier avec ceux qui contestent les vérités révélées : elle a juste à les appeler à la conversion, quelle que soit leur origine, et inlassablement..
Mais aujourd’hui, pour la première fois de son histoire, la première chose que l’Eglise ait à faire est de revenir à elle-même en chassant les traîtres qui ont pris possession de l’autorité épiscopale dans le but de la détruire. Quand le pouvoir reviendra à de vrais évêques, leur premier devoir sera de congédier les sectaires, déchirer les édits licencieux et abroger les canonisations sacrilèges de ces soixante années de ténèbres.
Pierre Mellifont.
Notes
- Dans ce texte, nous n’utilisons le terme orthodoxie que dans son sens véritable, et non en référence aux membres de l’Eglise de Constantinople, que nous appellerons Byzantins, le terme orthodoxes souvent employé pour les désigner constituant selon nous une erreur de langage en raison de la confusion qu’il peut entrainer, mais aussi parce qu’il n’a aucune raison de s’appliquer à une contre-Eglise schismatique, même si elle est doctrinalement la plus proche de l’Eglise catholique.
- « Rome perdra la foi et deviendra le siège de l’Antéchrist. L’Eglise sera éclipsée, le monde sera dans la consternation », apparition de Notre-Dame à La Salette, 19 septembre 1846.
- Simone Weil fut une mystique et intellectuelle juive convertie au catholicisme, décédée en 1943, à ne pas confonde avec Simone Veil, qui promut l’avortement. Noter d’ailleurs la différence orthographique (Weil et non Veil)
- Le Cardinal Liénart confessera au soir de sa vie avoir été initié à la F-M dès l’âge de 17 ans.
- Paul Naudon, La Franc-Maçonnerie, Collection Que sais-je, 9e édition, 1984, p.28
- L’indifférentisme est l’hérésie définie par le pape Grégoire XVI le 15 aout 1832 dans son encyclique « Mirari Vos » : c’est la doctrine maçonnique affirmant que le salut peut être obtenu par soi-même sans le secours de la foi en Jésus-Christ. En d’autres termes, pour l’hérésie indifférentiste, toutes les religions se valent et croire au Christ ou non n’est pas déterminant.
- Le verset suivant, haineux et malveillant, est tiré du Coran et constitue un pur blasphème contre la doctrine catholique de la Trinité : « Les Chrétiens ont dit : "Le Messie est fils de Dieu ! " Telle est la parole qui sort de leur bouche. Ils répètent ce que les incrédules ont dit avant eux. Que Dieu les anéantisse ! Ils sont tellement stupides ! » (Coran, 9.30). Le Coran contient une soixantaine de versets semblables à celui-ci…